Tom Goodwing

Auteur Compositeur Interprète du groupe Kosmos

Dites-nous ce qui a motivé votre participation à ce projet ? Ce qui, dans cette nature, vous a inspiré à y mettre de l'art contemporain ?

Lorsque Anne-Caroline m’a proposé de m’investir dans la création d’un lodge, je n’ai pas hésité. Bien que je ne sois pas un artiste plasticien, j’ai toujours considéré que mes créations (morceaux, textes) n’étaient qu’un prétexte à la collaboration artistique. J’ai toujours eu cette volonté de nourrir mon travail d’un univers extérieur, de le confronter à une autre sensibilité, à un autre regard. Il y avait donc une forme d’évidence à vouloir déployer mon univers dans un espace préexistant. Ayant eu la chance de visiter les lieux lors de son ouverture en Juin 2020, j’avais été saisi par la puissance esthétique des lodges. Il ne s’agit pas simplement d’un lieu, où l’on se repose, où l’on se ressource, mais bien d’une expérience charnelle. À travers cette baie vitrée hors norme et sans discontinuité, notre corps tout entier est plongé dans le paysage forestier. On retrouve une forme de quiétude originelle, qui est selon moi, l’état que l’artiste cherche à atteindre pour exprimer sa créativité, pour se laisser aller au vertige de l’imagination. Quand j’ai été confronté à cet horizon pour la première fois, j’ai tout de suite compris que c’était le lieu d’inspiration par excellence. Je voulais que tout le monde puisse ressentir cette inspiration, surtout ceux qui ne la recherchent pas. Dans tous les morceaux que j’ai écrit pour le groupe Kosmos, il y a cette idée centrale que l’imagination est là pour nous sauver d’une réalité devenue trop rationnelle. Je voulais donc que mon lodge soit un endroit où les gens puissent venir exprimer leur fibre artistique de façon totalement décomplexée. Au delà du cadre qui est déjà en lui même très inspirant, j’ai voulu inscrire l’esthétique du lodge dans un imaginaire nourri d’une histoire forte, afin de créer un cocon hors du temps, où l’on est tout de suite poussé à vivre dans un rapport fictionnel à la réalité. Accueillis par une voix mystérieuse mais apaisante, on nous invite à détacher vos ceintures, et à tendre la voilure. Puis le paysage s’impose. Ou plutôt, il ne nous impose rien, si ce n’est sa beauté et son silence. On peut apercevoir l’inscription au mur « Sculpte ta cabine vers l’ailleurs ». Un journal placardé sur une porte évoque un Capitaine légendaire dans un ailleurs qui nous est proche. Des objets insolites nous invitent à la rêverie. Un poème est gravé sur une paroi en bois. Cette Kabine a l’air d’un musée à la gloire de ce Capitaine. Mais a-t-il seulement existé ? Dans ce lodge, l’artiste c’est vous. L’œuvre, c’est ce paysage qui s’offre à vous, ou plutôt ce que vous allez en faire, cet imaginaire vers lequel vous allez vous échapper, ce Kosmos dont vous allez dessiner les contours. Vous êtes le Capitaine. L’imagination est votre navire. Ce lodge en est sa Kabine.

Comment avez-vous sélectionné les oeuvres que vous souhaitiez intégrer à ce lieu ?

Avec Anne-Caroline, on a cherché à meubler la Kabine avec une esthétique rétro-futuriste proche de celle des années 70. Encore une fois, il s’agissait d’accentuer l’aspect intemporel du lieu. Ni dans le passé, ni dans le futur, on a le sentiment d’être au milieu de nulle part entre la réalité et la fiction. Pour ce qui est des objets du Capitaine, je les ai chiné, pour ensuite les faire personnaliser à l’effigie du fameux K. À l’aide de ma copine Lola, on a gravé un poème et des appels vers l’ailleurs à l’aide d’un fer à souder spécialisé.